Un Colloque sur la réforme de la Zone Franc
Avec quarante cinq pour cent (45%) des richesses naturelles mondiales, l’Afrique devrait être un continent développé. Or, fort malheureusement, c’est sur ce continent que sont regroupés les Etats les plus pauvres et pour la plupart sous-développés de la planète. Et au lendemain du sommet de Cancun, un constat s’impose : un seul continent est plus pauvre qu’il y a environ un demi-siècle : l’Afrique, avec quelques 650 millions d’habitants, soit un peu plus de 10 % de l’humanité.
Economiquement, les 53 Etats africains génèrent un PNB d’environ 250 milliards de dollars soit 1,5 % du commerce international, l’équivalent de celui de la Belgiquede 10 millions d’habitants. Il convient de souligner que la République sud-africaine à elle seule représente la moitié de ce chiffre soit 0,75 %. Ainsi les autres Etats génèrent un PNB équivalent à celui de l’Autriche qui équivaut à 1/12 è de celui de la France. Sion ôte des cinquante deux Etats restant du continent africain les Etats qui, à défaut d’avoir un tissu industriel significatif ont au moins un tissu industriel estimatif comme la Tunisie, l’Egypte, le Nigeria et dans une certaine mesure la Libye, on imagine ce que peuvent représenter les quarante huit (48) autres Etats restants. Et la dette publique extérieure du continent atteint désormais 240 milliards de dollars.
Et selon le Rapport Mondial sur le développement humain du PNUD de l’an 20051, si les pays à haut revenu interrompaient leur croissance aujourd’hui et que l’Amérique latine et l’Afrique subsaharienne poursuivaient leur rythme de croissance actuel, l’Amérique latine devrait attendre jusqu’en 2177 et l’Afrique jusqu’en 2236 pour rattraper le retard. Et l’Afrique subsaharienne a enregistré un accroissement de la population vivant avec moins d’un dollar par jour : près de 100 millions de personnes de plus en 2001 qu’en 19904.
Nous parvenons à comprendre aisément ce que voulait dire V. CHESNAULT qui, dans un article qui est entré dans l’histoire (le Monde, 28/02/1990), écrivait ceci : « si l’Afrique subsaharienne vient subitement à être engloutie, cela n’aurait aucune conséquence sur le marché de la planète ». Certains économistes se demandent si l’Afrique ne va pas tout simplement disparaître du commerce international en 2010. Ceci apparaît clairement sous la plume de Bernard LUGAN lorsqu’il écrit : « l’Afrique ne compte plus ; elle est même sortie de l’économie internationale. Sa part dans le commerce mondial était de 9% au moment des indépendances. En 1990, elle n’était plus que de 3% ».
A la question de savoir pourquoi l'Afrique est si pauvre, les reponses tout comme les solutions envisageables sont diverses et généralement fort complexes. Aussi entendons-nous ces derniers temps parler de création d'une monnaie africiane comme solution à cette misère. Afin de rendre formel ce débat, CMER organise un colloque sur la réforme de la zone franc au début du mois de juillet ici à Abidjan.
Pensez-vous que la création d'une monnaie, fût-elle ivoirienne, est la solution à nos problèmes?